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Pour sa 39e édition, le Carrousel souhaite mettre de l’avant l’implication bas-laurentienne en donnant une voix à certains organismes et travailleurs qui,  chaque jour, participent à l’expansion de l’offre culturelle et aux liens entre les jeunes et leurs communautés. Nous souhaitons, ainsi, souligner l’implication de cinq humains régionaux, provenant de milieux différents, qui font une différence dans le paysage culturel rimouskois.  En proposant un portrait pour chaque ambassadeur, ainsi qu’une projection thématique reliée à leur champ d’expertise, nous souhaitons tisser des liens avec la communauté, souligner l’engagement social et développer une offre de films qui suscitera l’intérêt de leurs cercles respectifs.

Portrait des 5 ambassadeurs de la 39e édition: 
Caroline Laberge, Jean-Philippe Catellier, Dominique Sabard-Massicotte, Boud et Rose Lavoie Darling

(entrevues et photos réalisées par Julie Bernier)

 

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CAROLINE LABERGE

Enseignante au Cégep de Rimouski en cinéma

De quelle manière t’impliques-tu auprès de la jeunesse dans ta communauté / sur le territoire?

Ça fait maintenant 6 ans que je suis au Bas-St-Laurent et que j’enseigne au Cégep de Rimouski au programme Arts lettres communication Option cinéma et médias. Pour moi c’est la façon la plus concrète que j’ai de m’impliquer auprès de la jeunesse: à travers l’enseignement. Je suis une animatrice dans l’âme. J’ai fait du bénévolat pendant longtemps. Les gens qui me connaissent savent que j’ai été impliquée dans le mouvement scout durant environ 20 ans. J’adore être avec des jeunes. Ce que j’aime c’est de les transporter dans un univers imaginaire, à travers des histoires ou sinon d’amener les étudiants du cégep à créer des histoires et les accompagner dans cette démarche. Je me suis rendue compte que c’était vraiment ça ma vocation: l’accompagnement. Il y a quelque chose de très créatif dans l’enseignement. Je m’implique aussi pour l’intercollégial, comme ambassadrice au Carrousel et sur le prix collégial du cinéma québécois. Je trouve ça super important de nourrir la jeunesse du cinéma et c’est ma façon à moi de m’impliquer.

Pour toi, la culture, c’est quoi?

Pour moi la culture, c’est une manière de se réunir. Une voie pour se retrouver autour d’une activité qui nous fait vibrer, qui nous fait vivre des émotions collectivement, tous ensemble. Ça peut être d’aller voir un show, un film, du théâtre, de la danse… Je pense que l’aspect collectif est assez important. On s’en rends compte malheureusement avec la pandémie où les shows en ligne, c’est l’fun, mais pas tant… Il manque quelque chose. C’est important d’en parler, de se réunir et de le vivre ensemble. Pour moi la culture, c’est l’aspect de se réunir autour d’une œuvre, d’une création. C’est quelque chose qu’on fait collectivement.

Comment se démarque la culture régionale?

En région, je trouve que la culture a une couleur particulière, parce qu’elle a son identité régionale. Ce qui se passe à Rimouski, ce n’est pas la même chose qu’à Kamouraska ou au Saguenay, qui ont chacun leurs distinctions. La culture de Rimouski a vraiment son identité propre et ses intérêts avec le Carrousel, Paraloeil, le Cégep, l’Université, le fleuve, le plein air… Tout ça vient un peu teinter l’identité régionale. Il y a beaucoup de documentaires qui se font ici, aussi. Ce n'est pas quelque chose qu’on va nécessairement retrouver dans d’autres régions du Québec qui sont aussi très vivantes culturellement, mais où ça va être d’autres formes d’arts. Je pense que le cinéma et Rimouski sont deux choses qui vont bien ensemble. Chaque région a son identité culturelle, contrairement à d’autres grands centres où c’est un peu plus diffus et où la compétition est beaucoup plus forte et où c’est difficile de se démarquer. Mais en même temps, c’est très pluriel, c’est très diversifié. On peut s’y retrouver, mais s’y perdre aussi. En région, on peut vraiment se rattacher à une identité propre.

Sur un plateau de tournage, quel rôle aurait pu le plus t’attirer étant enfant (réalisatrice, actrice, cascadeuse…) Pourquoi?

Enfant, je faisais beaucoup beaucoup de théâtre. C’est ça qui m’a amené vers le cinéma. Malgré tout, je pense que je suis une personne plus introvertie et anxieuse que je le croyais. Je m’en suis rendue compte en vieillissant. C’est peut-être pour ça que je ne suis pas allée vers ça, finalement. Bon, aussi parce que c’est très compétitif, Haha! Mais quand j’étais petite je faisais énormément de théâtre et j’aimais jouer. Ça me permettait de m’évader et d’apprendre des textes, le français, des tournures de phrase, des accents. J’adorais ça! J’aimais bien écrire aussi. En vieillissant, ça s’est plus installé: l’écriture d’univers imaginés. Voilà: jouer ou écrire.

Quelle réplique de film pourrait avoir dit la petite que tu étais?

“Bangerang!” Hahaha! Capitaine crochet est le film que j’ai le plus écouté étant enfant. Bangerang c’est un cri de guerre que Rufio dit. Il y a quelque chose de guerrier, mais en même temps d’unificateur dans cette réplique. L’histoire des enfants perdus qui se réunissent et qui vont finalement se révolter contre le Capitaine crochet, c’est quelque chose qui pourrait vraiment me définir: l’esprit d’équipe, on y va ensemble, on fonce! 

 S'il y avait un personnage du cinéma (toutes les époques confondues) que tu aimerais inviter dans ta classe, ce serait qui? Tu lui poserais quelle question?

J’ai découvert récemment qui était la première cinéaste: Alice Guy. Elle s’est mise à faire des films à peu près en même temps que Méliès, en 1896, mais elle est tombée complètement dans l’oubli. Il y a très peu d'ouvrages sur elle. C’était une femme qui travaillait plutôt en photographie, mais qui s’intéressait à la technologie et à la science. Elle aimait particulièrement l’aspect spectaculaire du cinéma. C’est d’ailleurs ce qui l’intéressait du travail de Méliès. Par contre, Méliès n’a pas vraiment voulu travailler avec elle. Alors, elle s’est arrangée pour faire ses projets. J’aimerais bien entendre ce qu’elle a à dire, son vécu. Elle semble fonceuse. J’imagine qu’en 1896, être une femme et vouloir faire des films dans un milieu d’homme ça ne devait pas être évident… J’aimerais bien faire cette rencontre là.

Un autre cinéaste que j’aimerais inviter dans ma classe, c’est Miyazaki. J’adore son cinéma. J’en parle beaucoup dans mes cours d’animation. À chaque fois que je présente son travail, c'est une découverte pour les jeunes de 20 ans qui ne le connaissait pas. J’ai découvert Miyazaki environ à cet âge, aussi. Je le trouve très beau, fort sympathique. Sa lenteur, la culture japonaise, le dessin image par image, (il travaille très peu à l’ordinateur avec des petites équipes), la présence de la nature et des univers mystiques… Tout ça me fascine! 

Puis finalement, un dernier personnage que j’aimerais inviter dans ma classe, qui est avant tout un personnage littéraire, c’est Dumbledor. Je pense que mes étudiants aimeraient beaucoup le rencontrer. J’aime les personnages sages qui ont une longue vie, j’aime bien les entendre parler. J'utilise souvent les exemples d’Harry Potter, parce que ça fait partie de la culture populaire et ça a fait découvrir le cinéma et la littérature à une génération complète. Même s’il y a plein d’écueil, même si ce n’est pas parfait et stéréotypé par moment (souvent même), je pense que c’est un incontournable.

JEAN-PHILIPPE CATELLIER

Programmateur pour Paraloeil

De quelle manière t’impliques-tu auprès de la jeunesse dans ta communauté / sur le territoire?

J’aimerais que les jeunes de ma communauté aient un endroit pour pratiquer les arts et avoir des expériences artistiques, dans un cadre flexible et malléable. Que ce soit possible de toucher un peu à toutes les formes d’art sans que ce soit un engagement. Certains jeunes vont faire un apprentissage en y allant à fond, mais moi j’aime bien l’idée d’expérimenter, de toucher à tout. Que ce ne soit pas la performance qui soit recherchée. Je crois davantage en l’expérience. Je m’implique dans un lieu qui s’appelle la Maison de la Culture du Bic Champlain qui a comme mission de créer des ponts et des occasions d’expériences culturelles et artistiques et de les mettre en contact avec des artistes de la communauté.

Pour toi la culture, c’est quoi?

Ah non.. Pas cette question là! Haha! C’est tellement large... Je pense que la culture c’est une manière de faire ou de voir les choses qui est partagée. Quand tu as développé une manière particulière d'avoir une pratique ou une production, ça devient culturel parce que ça peut être partagé, en opposition à une manière industrielle de faire quelque chose. Par exemple: l'artisanat ou une histoire que tu racontes à ta manière. Je pense que tous les arts peuvent être inclus dans la culture, mais tout ce qui est culturel n’est pas nécessairement artistique. 

Pour être simple: quand on développe une manière de faire quelque chose dans laquelle on s'investit puis qu’on est capable de la partager aux autres, c’est la racine de créer de la culture.

Comment se démarque la culture régionale?

Je suis parti de la grande ville pour revenir dans le Bas-St-Laurent et j’ai toujours eu en estime et en grande inspiration de vivre en région. J’ai l'impression que la question du territoire est très importante dans la culture régionale. Quand on habite en région au Québec, on est en relation avec un territoire vaste et inoccupé à plusieurs égards, très sauvage. Cette caractéristique-là imprègne la manière de s’incarner ici. Je pense qu’il y a une certaine indépendance dans le Bas-St-Laurent et une volonté de faire les choses à notre manière. On veut se démarquer dans un créneau qu’on va choisir. La distance avec la métropole fait que l’on développe une forme de force d’esprit et de créativité qui a le goût de s’incarner elle-même avec sa propre couleur et qui est peut-être un peu moins perméable à la culture qui émane des grands centres. Je sens beaucoup d’indépendance d’esprit ici.

Comment te décrirais-tu quand tu étais enfant?

À la fois super calme avec un désir de vivre des choses intenses. Dans le groupe, je n’étais pas quelqu’un d’effacé mais quand même toujours à l’écoute. Zéro turbulent. Mais ça ne m’empêchait pas de participer à des choses intenses ou à faire du bruit quand c'était le moment. J’étais capable de m’énerver quand c'était le temps de m'énerver. Farceur, j’ai toujours aimé faire rire les autres. Si on demandait à mes profs, ils diraient que j’étais bon élève. Parce que j’aime apprendre alors quand quelqu’un s’ouvre la trappe pour nous apprendre quelque chose, j’écoute. Je suis intéressé. J’écoutais les adultes, j’aimais les conversations d’adultes. J’étais curieux de ce monde-là.

Qu’est-ce que le cinéma t'a appris?

Le cinéma m’a appris une connexion avec des choses mystérieuses, impalpables. Le cinéma m’a ouvert une porte sur les grands mystères de la vie. Plusieurs films lancent des questions et te les font vivre au lieu d’y répondre. En comparaison avec la littérature, on n'est pas toujours disponible pour les questionnements littéraires. En revanche, le cinéma parle à tes sens, vient te chercher dans tes tripes, un peu moins dans ta rationalité ou dans ta tête, mais dans ton corps. Le cinéma a éveillé en moi des grandes questions, des grands mystères qui sont intéressants à palper.

Quel genre de films t’a rendu amoureux du cinéma?

Enfant, L’histoire sans fin m’a beaucoup marqué car ça évoquait quelque chose de plus grand que nous, le monde de l’imaginaire et des histoires qu’on raconte. 

Quand j’étais ado/jeune adulte je suis tombé amoureux de Stanley Kubrick, David Lynch, Apocalypse now. La première fois que j’ai réalisé qu’un film pouvait être autre chose qu’un divertissement c’est quand j’ai vu Apocalypse Now. Là j’ai dû l'écouter 10 fois parce que je n’en revenais pas de la profondeur des questions qui étaient évoqués dans ce film. La manière de les transmettre aussi. Je n’arrivais pas à comprendre toute cette scène finale mise en parallèle avec la mise à mort du buffle : les traditions païennes ou plus autochtones des peuples qui étaient sur le territoire et les questions philosophiques du personnage de Marlon Brando. Je ne comprenais pas tout mais je trouvais ça malade! 

Quel mauvais coup de ta jeunesse pourrait faire l’objet d’un scénario de film?

Quand j’étais très jeune, vers 6-7 ans , j’avais un petit voisin qu’on aimait pas beaucoup. Ça ne cliquait pas vraiment. Un jour, il a lancé de la terre dans le visage de mon petit frère. Avec un ami, on a élaboré un plan de vengeance. En plein jour, on a décidé d’arracher toutes les fleurs de la plate-bande de sa maison. On les empilait une par une derrière le cabanon. On n'avait aucune aptitude pour cacher notre crime ou trouver un alibi. On était pas rendu là dans l’intelligence de notre mauvais coup. Faque on a tout arraché les fleurs et c’est seulement à la dernière fleur qu’on s’est fait surprendre, alors qu’on avait accompli 99% du travail sans se faire voir, en plein jour avec du monde qui circulait.  

J’en ai une autre pas pire! À l'été de mes 14 ans, je me suis fait embaucher à Beauce Carnaval pour travailler à l’expo agricole de Rimouski aux kiosques d’adresse. J’étais au kiosque de pétage de ballounes la première année et puis un deuxième été, je m’occupais du jeu avec la balle de plastique sur le bout d’un fusil.

Le jeu des verres en plastique, c'est impossible de le réussir à moins de placer les verres différemment! La manière dont on les plaçait, c’était  impossible, c’était une vraie arnaque. À un moment donné quelqu’un est venu me voir et m’a dit “ j’te donne 80$ si tu me donnes le gros serpent”. 

J’ai placé les verres, de manière à ce qu’il réussisse à les faire tomber et je lui ai donné le gros toutou. Mais là, le dude de Beauce Carnaval dont tout le monde avait peur, avec ses gros tattoos puis ses jeans full serrés, est arrivé et m’a dit: “ Hey! Ça gagne pas ce jeux là! Il est où le gros serpent vert?”

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DOMINIQUE SAVARD MASSICOTTE

Directrice générale de Techno-Science

De quelle manière t’impliques-tu auprès de la jeunesse dans ta communauté / sur le territoire?

Pour mon travail, je m’occupe du programme les Débrouillards, depuis 10 ans maintenant. Je m’implique à faire rayonner la science et à cultiver ou allumer l’intérêt des jeunes du primaire pour la science, dans tout l’Est du Québec. J’ai 2 enfants de 11 et 9 ans. Ils sont nés dans la science, dans le bassin des Débrouillards. C’est vraiment mes 2 petits produits dérivés. Ils ont l’âge que je les traîne comme assistants scientifiques. Il m’aide avec l’animation. Ils aimeraient même en faire plus en faisant des vidéos et en ouvrant une chaîne Youtube!

Pour toi la culture, c’est quoi?

La culture selon moi, c’est large. On a tendance à relier ça aux arts. Selon moi ,c’est dans tous les milieux. C’est tout ce qui peut relier un groupe de personnes par ses apprentissages, ses connaissances, ses habitudes, sa religion. Tout ce qui relie ces personnes là et qui les soudent.  C’est un ciment de la société. Moi je travaille en culture scientifique, c’est un autre aspect de la culture.

Comment se démarque la culture régionale?

Ici on a notre fleuve qui fait partie de nous, qui est vraiment déterminant dans tout ce qu’on fait et dans la culture qu’on a développée. La culture scientifique est très forte dans notre région, je pense à l’ISMER qui est vraiment spécialisé dans les sciences de la mer. Tout ce qui est relié à notre fleuve, je pense que c’est ça qui caractérise notre région. 

Quels liens crois-tu qu’on puisse faire entre la science et le cinéma?

C’est quand même intimement relié: quand on pense à la science-fiction ou aux effets spéciaux qu’on peut retrouver dans les films, tout ça part de la science. Le lien est là. Il y a beaucoup de cinéma documentaire qui parle de la science aussi! Dans toutes ces optiques là, je pense qu’on est vraiment relié. 

Est-ce que tu peux me raconter une expérience scientifique qui aurait mal tourné?

Je me rappelle d’une fois où j'avais été faire des fusées dans une école. Ne vous inquiétez pas, c’était vraiment des fusées inoffensives. Il s’agissait de vinaigre et bicarbonate dans de petites capsules et le résultat était le décollage des fusées. Il y a toujours des enfants trop excités de faire l’expérience qui manquent une partie des explications. Un des enfants est resté trop près de la fusée et il a reçu le projectile dans l'œil. En gros, il a reçu du vinaigre dans les yeux. Ça chauffe! Et là, comme dans un film, l’enseignante s’est mise à crier dans la cour d'école: “on a un blessé!!” Ça a créé tout qu'un moment dramatique. Mais finalement il y a eu plus de peur que de mal. La sécurité est super importante dans ce qu'on fait, mais il y a toujours des petites échappées quand on fait des expériences avec des enfants.D’ailleurs, je ne compte plus les multiples recettes de glue qui se retrouvent partout et qui débordent. On a souvent des petits débordements avec les Débrouillards. On met le plaisir à l’avant et c’est le but premier. 

Quels univers filmiques ont été marquants pour toi?

J’aime vraiment faire le lien entre la magie et la science, dans mes animations. Souvent dans la magie, l'explication est scientifique. C'est ce qui me fascine en science, mais aussi ce que j’aime retrouver au cinéma. Si je pense aux films qui m’ont vraiment marqué: j’ai vraiment trippé sur L’histoire sans fin. Je m’imaginais voler sur le dos du chien. J’aime aussi les comédies musicales comme Mary Poppins. Je m’imaginais sauter dans le dessin et me retrouver dans cet univers.Dernièrement on a vu le film de Fred Pellerin en famille l’arracheuse de temps. Tous les films familiaux qui contiennent un univers magique me plaisent!

ALEXANDRE BOUDREAU

Engagé dans différents projets de la communauté LGBTQ+

De quelle manière t’impliques-tu auprès de la jeunesse dans ta communauté / sur le territoire?

De différentes façons! Je m’implique un peu dans le comité I.D.EST à l’UQAR (identité de genre et diversité sexuelle dans l'Est du Québec), pour aider à la visibilité et organiser des événements pour les jeunes queer. 

Je m’implique aussi dans l’Aranéïde qui est un magazine queer de région, qui s’adresse à tout le monde. 

Aussi, avec la Haus of Rimousqueer avec qui on fait du drag. On performe parfois dans les bars où il faut avoir 18 ans et plus, mais notre but c’est également de faire des spectacles dans des salles où des adolescents pourraient aussi venir profiter du spectacle.

Pour toi la culture, c’est quoi?

Grosse question. J’ai l’impression que c’est un peu quelque chose dans lequel on plonge, on s'immerge dedans… Ça nous fait vivre des choses, ça nous amène des questionnements, ça porte à réfléchir de façon imagée. Plutôt que de juste avoir une question tu peux avoir une image, un film, qui va te questionner … c’est quelque chose qui nous amène à aller plus loin, à se redéfinir. 

Comment se démarque la culture régionale?

Il y a quelque chose dans l’art de la région qui est très ancré dans le territoire, en comparaison par exemple avec Montréal où c’est plus ancré dans le social. Ici aussi, il y a cet aspect là, mais je pense qu'il y a quand même un désir de représenter le territoire et de le mettre de l’avant avec ses particularités. Le fleuve teinte beaucoup la culture d’ici.

Petit, à quels jeux est-ce que tu jouais?

À l’école, je jouais pas mal avec les petites filles, j’étais pas pire au ballon poire. J’ai beaucoup de cousines, plus que de cousins. J’ai un cousin qui est trans. (Quand il était jeune c'était théoriquement une petite fille.) On s'obstinait souvent parce que moi je voulais jouer avec ses jouets “de fille” et lui voulait jouer avec mes jouets “de p'tit gars”. On finissait par s’entendre pour jouer avec les jeux de l’autre, chacun dans notre coin haha!

Récemment, je me suis rendu compte que j’avais aussi tous les pires jeux de société capitalistes: Monopoly, Destin, Jour de paye… pourtant j’ai pas trop viré capitaliste, je pense, haha!

Peut-être qu’à trop y perdre, ça t’a découragé de le devenir?

Oui c’est ça, j’ai peut-être déjà eu une réflexion critique sur ces jeux-là à la petite enfance haha! Qui sait?

Demain, tu peux devenir n’importe quel personnage de cinéma, qui est-ce que tu choisis? Pourquoi?

Si j’avais à choisir un seul personnage, ce serait Mystique des X-MEN. J’ai toujours bien aimé les X-MEN et c’est à peu près les seuls super-héros que je suis capable d’apprécier. Mystique, je l’ai toujours trouvé super badass. 

C’est un personnage qui change souvent de forme et d’apparence… J'aimerais pouvoir tout changer ce que je veux sur moi. Malgré que j’aime bien qui je suis,j’aimerais pouvoir changer d’apparence comme je veux. Au lieu de me bleacher les cheveux, je n’aurais qu’à en choisir d’autres…. À changer mon outfit! Ce serait vraiment pratique, surtout en tant que drag, ça me coûterait vraiment moins cher. C’est vraiment pour des raisons économiques. Finalement, je suis peut-être capitaliste hahaha!

Imagine une fiction qui pourrait devenir réalité dans tes rêves les plus fous: invente le titre de ce film?

Ce serait probablement une genre de dystopie où tout le monde est queer. Ce serait peut-être moins simple du côté reproductif, mais il existe pleins de façons. Ça pourrait s’appeler Portrait de la jeune moune en feu.

 Est-ce que tu serais le personnage principal?

Définitivement, hahaha!

Quel film réalisé dans les dernières années a été percutant pour toi?

J’écoute peu de films, mais j’écoute beaucoup de séries. Je trouve ça moins engageant qu’un film. Tu peux plus facilement arrêter quand tu veux. J’ai un peu peur de l'engagement, j'imagine hahaha! Je pense que la série qui m'a le plus marqué s’appelle Pose. Ça se passe dans les années 80-90, sur la scène ballroom, aux États-Unis. C’est là que le voguing a été créé. Tous les personnages, sont des personnages racisées, queer, super intéressants, super profonds. C’est drôle, c’est beau, c’est fabulous! La scène drag hérite beaucoup de ce qui a été créé sur la scène ballroom. Ça parle de pleins d’enjeux reliés à la crise du sida. Tu vois les liens de la communauté d’entraide à travers les personnages. Ils sont là pour les autres, même en mode survie, ils réussissent à faire ressortir plein de belles choses à travers leur pauvreté et leur peu de moyens… à faire des outfits incroyables.. je trouve ça vraiment inspirant!

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ROSE LAVOIE DARLING

Professeure de musique

De quelle manière t’impliques-tu auprès de la jeunesse dans ta communauté / sur le territoire?

Principalement dans les emplois que j’ai occupés. Cet été, j’étais monitrice dans les camps de jour, donc j’avais un lien direct avec les jeunes. Je suis aussi professeur de violon avec de jeunes enfants et je suis également monitrice de natation. Je côtoie vraiment les jeunes directement dans les quelques domaines pour lesquels je travaille.

Pour toi, la culture, c’est quoi?

Selon moi, c’est une façon de s’exprimer, sans les mots nécessairement, comme par l’art. Personnellement, ce qui me rejoins le plus, c’est la musique, car c’est vraiment ce domaine que j’exploite le plus.

Comment se démarque la culture régionale?

Même si Rimouski est une petite ville, je trouve que c’est très dynamique. On a un beau musée, il y a l’orchestre symphonique de l’estuaire, il y a quand même plusieurs choses.

Dans quel film tu aurais aimé pouvoir jouer quand tu étais jeune?

À chaque temps des fêtes, en famille, on écoute le film Home alone (maman j’ai raté l’avion). On est une famille bilingue et on écoute toujours le film en anglais. C’est comme une tradition rattachée à de bons souvenirs.

Comment est-ce que la musique est entrée dans ta vie?

Mes deux parents sont musiciens. Certainement, dès que je suis arrivée au monde, ils m’ont transmis leur passion pour la musique. On est 4 enfants dans la famille et on joue tous de la musique. Je peux vraiment dire qu’ils m’ont légué cet amour là. Dès l’âge de 3 ans je commençais le violon et aujourd’hui à 16 ans, je poursuis toujours. 

Wow! C'est quand même fou de penser qu’à 3 ans tu commençais déjà le violon! As-tu des souvenirs?

Oui, j’ai commencé avec un violon en liège que mon père m’avait confectionné avec un petit archet fait à partir de matériaux recyclés. On l’a encore chez nous. La forme qu’il avait taillée était très ressemblante. Il n’y avait pas de corde. Elles étaient dessinées avec un sharpie. Mon père est violoncelliste alors il connaît l'instrument par cœur. C’était vraiment pour m'initier. Ensuite, j'ai commencé à avoir des cours à l’école de musique avec ma grande sœur. Je jouais du mini violon. J’ai aussi pratiqué la nage synchronisée, de mes 7 ans à mes 14 ans. C’est un sport très lié à la musique. La chorégraphie, les repères, la manière de compter: tout est en lien avec la musique. 

Comment est-ce que le cinéma est entré dans ta vie?

Depuis que je suis toute jeune, j’écoute la télévision. Je me souviens aussi que l’on venait en famille au Carrousel, au Paradis, si je me souviens bien. Il y avait beaucoup de courts et longs métrages. Puis il y avait aussi le ciné-parc à la gare, c’est ma mère qui m’a rappelé ça. C’était de bons moments en famille.